10:01

Rahmy, Mouvement par la fin

C’est quoi ton corps qui te fait barrière, qui, à peu près, mais qui jamais. Lui qui crisse. Mais qu’éviter en soi, cavité du soi, quand le verre ne reflète, non, il ne reflète pas, tout entier et sans partage, mais qu’il cherche sa fêlure. Verre qui s’inscrit dans le bruit et les craquements, le verre comme l’os qui se fend, et reflète malgré la fracas un portrait à chaque fois recommencé. L’impossible cri. L’impossible partage du cri dans ce qu’il a de moelle. Le mouvement se fait, quand bien même. Il annonce sa fin avant que. Mais ne s’interrompt la voix qui dedans la fissure s’y apprête. Et s’adresse crue à la forme, à sa chute. Cette voix, elle crie d’autres reflets. Ils se dispersent, emportent un tout d’amour pour ce qui flotte en deçà des surfaces. Substance qui s’ignore pour les autres qui ne crient pas. Ils passent sans bruits, et oublient. Ça se travaille l’oubli. La tête apprend à ne pas crier : ça se détourne des éclats du deçà. De cette lumière qui grouille. Qui s’ignore pour les autres. Même sans ce petit bruit qui marque un corps qui chute. Qu’est-ce qu’elle n’arrête de nous la lumière ? On résiste. On crie. Pour parler. Parler du soi. Pas le social du soi. Pas l’existence du soi. Mais l’artère du soi, celle qui nourrit ce qui demeure dans le sang plus vaste que la langue. Les autres s’y dissolvent. Mais on résiste. On se retient à la dissolution.

Réf.

Philippe Rahmy, Mouvement par la fin. Un portrait de la douleur, Cheyne éditeur, 2008.

[.txt]